Liège
nadjavilenne.com
Artiste invité : Benjamin Monti
–
« …Les dessins de Benjamin Monti, sages à première vue, procèdent d’un détournement
du bon sens et de la bonne conduite, proche du surréalisme : on songe aux romans-collages
de Max Ernst, comme La Femme 100 têtes (1929) ou Une semaine de bonté (1933). A bien
les regarder, c’est d’ailleurs ce même parfum de délicate perversité qui s’en dégage ; fruit de l’union entre innocence et criminalité, jeu et cruauté, plaisir et souffrance. D’où, naturellement, l’impression que ses propres dessins, couplés souvent à d’autres sources, à des dessins d’autrui ou d’un autre âge, fonctionnent comme ces « machines désirantes » que Gilles Deleuze et Félix Guattari ont imaginées pour décrire l’inconscient non plus comme un théâtre mais comme « une usine, un lieu et un agent de production », et partant, le désir non plus comme manque mais comme « agencement ». C’est qu’il ne faudrait pas voir, par exemple dans les trois dessins d’enfant que Benjamin Monti a choisi d’intégrer à son oeuvre, que le signe d’une perte et de l’absence de « mémé » perpétuellement rejouée sur la scène familiale. Car ce serait ignorer la place, évidente aujourd’hui, de ces dessins dans une vision qui inscrit, sans interruption depuis l’enfance, ses signes singuliers dans un monde, un univers ou un cosmos qui préexistent à la famille. « L’inconscient ne délire pas sur papa-maman, il délire sur les races, les tribus, les continents, l’histoire et la géographie, toujours un champ social ».
Denis Gielen (extrait)
Benjamin Monti est en 1970. Il vit et travaille à Liège


naturelles), 22,7 x 14,5 cm, 2010-2015